Résumé :
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De même que les violences conjugales, longtemps considérées comme des affaires de famille qu’il valait mieux taire et laisser se dérouler en secret au sein de la sphère privée (Zaouche Gaudron, Jouve et Desbats, 2009), les violences faites aux enfants s’exposent enfin sur la place publique au travers de plaintes, de témoignages, d’ouvrages, via les réseaux sociaux, etc. et deviennent à leur tour un des enjeux du débat social, public, juridique... Aussi, pour les enfants violentés, « du silence on est passé au bruit » (Romito, 2006). En raison de multiples affaires d’incestes, de viols, de maltraitances diverses qui surgissent dans notre espace social et qui ont lieu dans toutes les strates de notre société, il semble que le bruit s’intensifie. Certains plans d’action se mettent en place, le système juridique s’en saisit et les médias s’emparent, eux aussi, de ces problématiques les mettant sur le devant de la scène. Il n’y a jamais eu sur le sujet autant d’ouvrages, du moins aussi emblématiques (tels que Le consentement de Vanessa Springora ou La familia grande de Camille Kouchner ou encore Ce qui est monstrueux est normal de Céline Lapertot), de documentaires télévisuels et radiophoniques que ces deux dernières années. Prenons-en acte s’ils permettent de nouvelles prises de conscience collective, de transformer les représentations sociales et d’améliorer les pratiques professionnelles et de mettre en place, in fine, par les politiques publiques, des mesures efficaces et surtout pérennes en matière de protection de l’enfance. Les données chiffrées en France sont accablantes : en 2014, le 119 – Allô Enfance en Danger – a traité 33 000 appels et a envoyé 14 000 informations préoccupantes ; on compte plus d’un million d’enfants maltraités et 280 000 enfants protégés, 154 000 mineurs victimes de viol ou de tentative de viol ; chaque jour, deux enfants décèdent victimes de maltraitance ; enfin, deux millions de Français, soit 3 % de la population, déclarent avoir été victimes d’inceste
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