Titre : | Intersectionnalité au travail (2020) |
Auteurs : | Gallot, Fanny, Auteur |
Type de document : | Article de revue |
Dans : | Travail, genre et sociétés (n°44, 2020/2) |
Article en page(s) : | p.25-144 |
Langues: | Français |
Résumé : |
Avec la pandémie de la Covid-19, la représentation de la hiérarchie sociale des métiers a été symboliquement ébranlée, puisque des activités et des services méprisés et dévalorisés comme les caissières, les aides à domicile, les aides-soignantes, les personnels de nettoyage se sont révélés être indispensables pour la survie de nos sociétés. Ces « sales boulots », au sens d’activités pénibles et peu rémunératrices, souvent en contact avec la saleté et la maladie [Hughes, 1996 ; Seiller et Silvera, 2020] sont réalisés par 67 % de femmes et 29 % de salarié·e·s de nationalité étrangère, dans le cas du secteur du nettoyage
L’articulation des rapports sociaux permet de comprendre pourquoi ces travailleuses se trouvent reléguées au plus bas de la hiérarchie dans la division sexuée et raciale du travail. Cette position qu’elles subissent est parfois renversée par les femmes elles-mêmes pour dénoncer des conditions inhumaines d’exploitation du travail, le racisme et le sexisme, et revendiquer dignité et application de leurs droits. Depuis le début des années 2000, en France, les grèves s’étaient d’ailleurs multipliées dans le secteur du nettoyage et des maisons de retraite, soutenues par certains syndicats D’ordinaire frappées d’invisibilité, les travailleuses racisées [comme leurs mobilisations marquent temporairement l’espace de leur présence. L’enjeu de ce dossier est de mettre le concept d’intersectionnalité à l’épreuve du réel en proposant des contributions de différentes disciplines (histoire, sociologie, science politique) qui s’appuient sur des enquêtes ou des archives se rapportant à des terrains d’investigation variés allant de la France métropolitaine à la Réunion, en passant par Dubaï et les États-Unis. Il s’attache à aborder les processus de racialisation en tant que rapport de pouvoir à l’œuvre dans le monde du travail et la manière dont ils s’articulent avec les rapports sociaux de sexe et de classe, en particulier. En d’autres termes : comment les processus de racialisation segmentent-ils la main-d’œuvre et comment les personnes réagissent-elles à ces inégalités ? Il questionne également l’usage du concept pour aborder la position des dominant·e·s tandis qu’une nouvelle génération de chercheur·e·s analyse la blanchité comme un avantage structurel pour les classes supérieures. Enfin, dans une acception large du travail (productif, domestique, militant, etc.), il ambitionne également de montrer comment l’intersectionnalité est un concept critique qui peut renouveler les stratégies et modes d’organisation des mobilisations sociales. |
Note de contenu : |
- L’intersectionnalité au travail
Fanny Gallot, Camille Noûs, Sophie Pochic, Djaouida Séhili - Domesticité blanche et politiques raciales en France métropolitaine (1850-1930) Margot Beal - Citoyenneté refusée : les employées domestiques face à la régulation du travail à La Réunion (1945-1960) Myriam Paris - L’intersectionnalité comme stratégie de mobilisation sociale Les défenseures des immigrées asiatiques aux États-Unis Jennifer Jihye Chun, George Lipsitz, Young Shin, Texte traduit de l’anglais par Hélène Tronc, Complété pour les notes Sophie Pochic - Approche intersectionnelle et postcoloniale d’un privilège Occidentalité et blanchité sur le marché du travail de Dubaï Amélie Le Renard - Des musulmanes entrepreneuses en réseau en France Faire face aux discriminations multiples Hanane Karimi - La division sexuée du travail revisitée en Chine rurale aujourd’hui (Re)valorisation de l’emploi féminin et subordination familiale persistante Renyou Hou |
En ligne : | https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2020-2-page-25.htm |