Résumé :
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L’omniprésence des écrans dans nos sociétés constitue une rupture anthropologique majeure, tant elle bouleverse le rapport à l’écrit, la transmission de la connaissance et au-delà le rapport des individus aux institutions chargées de la transmission du savoir, notamment l’école. En effet, avec la digitalisation des relations sociales comme de l’action publique, des phénomènes puissants concourent à un usage quasi permanent des écrans. Opportunité pour la société de la connaissance, les écrans peuvent également présenter des risques, en particulier pour le développement cognitif des jeunes enfants. Si la maîtrise des outils numériques est un atout et une compétence, qui peuvent se développer dès le plus jeune âge, elle est aussi un indicateur majeur d’inégalité. Selon l’Institut national des statistiques et des études économiques (Insee), 38 % des usagers réguliers d’Internet manquent d’au moins une compétence essentielle que sont la recherche d’information, la communication, l’utilisation de logiciels ou la résolution de problèmes numériques. 17 % de la population souffrirait d’illectronisme, c’est-à-dire se trouverait dans l’incapacité à utiliser les appareils numériques et les outils informatiques en raison d’un manque ou d’une absence totale de connaissances à propos de leur fonctionnement (Legleye et Rolland, 2019). Les conséquences éducatives de cette fracture numérique sont apparues de manière encore plus criante lors des confinements dus à la crise sanitaire. Les familles mal équipées en matériel informatique ou mal à l’aise avec leurs usages, en particulier dans les foyers modestes, ont éprouvé de graves difficultés pour mettre en œuvre la continuité éducative à domicile.
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