Résumé :
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La question de la démocratie d’entreprise a été récurrente au xxe siècle, mais elle prend depuis quelques années une acuité nouvelle. Traditionnellement, les actionnaires ont nommé et révoqué seuls les dirigeants d’entreprise, en contrepartie des risques qu’ils prennent en investissant leur argent sans garantie de retour. Aujourd’hui pourtant, l’actionnariat s’est considérablement transformé : les épargnants individuels ont laissé la place à des investisseurs institutionnels qui sont parfois en mesure d’influencer directement les orientations stratégiques des entreprises qu’ils contrôlent. Ils peuvent le faire dans l’intérêt de leurs souscripteurs, mais aussi au détriment des salariés ou des autres parties de l’entreprise (consommateurs, riverains, pouvoirs publics, etc.). En outre, les enjeux démocratiques débordent la question de l’équilibre entre salariés et actionnaires, car certaines entreprises sont devenues des multinationales avec une puissance d’action et de transformation du monde inédite. Tandis que leurs choix peuvent affecter durablement des populations entières, voire le sort de la planète, elles ne sont soumises à aucun contrôle citoyen.
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