Résumé :
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On tend à définir la sociologie comme une science des régularités sociales qui, telles des contraintes préexistant à la vie individuelle, en délimiteraient l’espace de possibilité. Or cette définition fait de l’émancipation un point aveugle. Dans leur construction d’une science du social, et par-delà les divergences profondes entre traditions française et allemande, les pères fondateurs de la discipline ont saisi tant l’impensé que la nécessité de le questionner. Comment un individu dont la pensée, l’action et le jugement dépendent in fine de la vie sociale peut-il aspirer à s’émanciper, c’est-à-dire à s’affranchir de ces mêmes contraintes sociales qui, transformées en tutelles, enrégimentent sa vie psychique et pratique ? Ce qui ressort des analyses durkheimiennes de l’individualisme, des développements wébériens sur la vie subjective de la domination, des excursus simméliens sur la liberté, c’est une commune ambition : construire la sociologie non pas comme une science de la détermination de l’agir humain, mais comme un savoir de l’articulation du social et de l’individuel dans les faits humains.
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