Résumé :
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Chaque fait important de l’actualité (attentats de janvier 2015 à Paris, intervention russe dans le Donbass, négociations sur le climat...) est désormais âprement discuté sur une nouvelle scène publique aux contours très flous où la désinformation, les rumeurs et les théories du complot acquièrent une audience sans précédent. L’ampleur du phénomène est telle qu’il dépasse la sphère du fait-divers ou de l’anecdote auquel il était habituellement assigné. Il devient un problème politique à part entière parce qu’il contribue à reconfigurer les formes du débat public. Il incite à observer de près des mutations de fond : affaiblissement des médiateurs de l’information, accélération des polémiques, viralité des commentaires, rétrécissement de l’attention... Il conduit surtout à s’interroger sur les normes souhaitables du débat public. En effet, si les promoteurs du complotisme se réclament sans cesse d’une culture du débat, leur usage de la désinformation rompt avec une tradition éclairée, même si elle a toujours été contestatrice, de l’appel à l’« opinion ».
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