Résumé :
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Cet article part du constat qu’Edward Said, tout en ayant lu La Renaissance orientale (1950) de Raymond Schwab au moment où il préparait Orientalism (1978), n’y a pas accordé l’importance que méritait cette somme. Sans doute a-t-il dû la considérer comme une pierre dans son jardin, dans la mesure où la démarche profondément interculturelle du premier s’intègre mal à la théorie du « discours orientaliste ». D’où la volonté, chez l’auteur de L’Orientalisme, de se démarquer autant que possible, dans un premier temps, de La Renaissance orientale. Mais tout se passe comme si, une fois son ouvrage majeur écrit et publié, Said en était venu à réévaluer l’apport exceptionnel de son prédécesseur, non seulement en termes d’érudition, mais aussi sur le plan du renouvellement d’une pensée occidentale sur l’Orient, dépourvue, précisément, de toute volonté de domination. Il fit en tout cas traduire en anglais La Renaissance orientale et lui adjoignit une préface extrêmement élogieuse, rendant ainsi hommage, tardivement, mais de manière éclatante, à la démarche profondément humaniste de Schwab, dans laquelle, sans doute, Said se reconnaissait aussi.
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